Quand il est à Bobo-Dioulasso, Ablassé Ouédraogo, le président du parti Le Faso Autrement, nous fait l’amabilité de nous rendre visite à L’Express du Faso. C’est ce qu’il a encore fait ce 11 août 2022. Ce fut l’occasion pour nous de lui poser quelques questions en lien, naturellement avec l’actualité. Comme il aime bien le faire, il a répondu sans langue de bois à nos questions.
Brièvement, dans quel cadre séjournez-vous à Bobo ? Dioulasso ces jours-ci ?
Etre à Bobo-Dioulasso, c’est toujours un plaisir et du bonheur. Nous sommes arrivés depuis dimanche 07 août 2022 dans le cadre d’un séjour privé d’une semaine afin de revoir les parents et les amis et aussi d’échanger avec les responsables et les militants de notre Parti, Le Faso Autrement, sur les activités en cours et les perspectives. Et comme il se doit, nous allons rencontrer et échanger avec les acteurs clés de la vie politique et économique, les responsables religieux et coutumiers de cette ville. Bobo-Dioulasso a une place de choix dans la stratégie de conquête du pouvoir de notre Parti. C’est tout de même la capitale économique et la deuxième grande ville du Burkina Faso. C’est très important. Bobo-Dioulasso et les Bobolais comptent beaucoup pour le Faso Autrement. Nous y séjournons autant que notre calendrier d’activités le permet.
Comment avez-vous accueilli l’avènement au pouvoir du Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA et du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) ?
Vous vous souviendrez que dès le lundi 25 janvier 2022, donc au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires, nous nous sommes prononcés les premiers dans les médias. Ces interventions ont été suivies d’une déclaration de notre Parti, Le Faso Autrement, sur la nouvelle situation, le 26 janvier 2022. Au regard de la situation difficile et insoutenable que traversait notre pays, caractérisée par les crises politique, socio-économique, sécuritaire, humanitaire et sanitaire, nous avions pris acte du changement intervenu. C’était une délivrance, un soulagement pour le peuple burkinabè qui a trop souffert avec le régime incompétent et incapable de Roch Marc Christian KABORE, du MPP et de leurs alliés, qui ont conduit le pays dans le chaos. L’illustration a été l’adhésion totale de la population au changement de pouvoir sur lequel elle reposait un espoir. Ce qui nous a motivés à faire un plaidoyer en direction des Institutions sous régionales, de l’Union Africaine et des Nations Unies de ne pas prendre des sanctions contre le Burkina Faso au risque d’augmenter les souffrances des Burkinabè, déjà au creux de la vague. En tant que républicain et démocrate, Le Faso Autrement, a réitéré son adhésion au principe de l’accession au pouvoir par la voie constitutionnelle des urnes et condamne fermement toute prise du pouvoir par un coup de force. Nous avions lancé un appel au pouvoir militaire et aux forces vives à travailler ensemble pour faciliter le retour du Burkina Faso dans la démocratie et à l’ordre constitutionnel normal dans des délais raisonnables. Ceci devrait passer, entre autres, par la réalisation de la réconciliation nationale et l’unité nationale, seule alternative pour relever les défis de la paix, de la sécurité, de la stabilité, et du développement durable dans notre pays. Le bannissement de l’exclusion, du mensonge, la pratique de l’inclusion et du rassemblement doivent servir de boussole à la gouvernance de la Transition. Celle-ci doit être la plus courte possible. C’est dans cette logique et dans cette dynamique que nous avons appelé, déjà au mois de mai dernier, le pouvoir en place au recadrage et au recentrage de la Transition sur ses objectifs initiaux. Ce sont la reconquête du territoire national, le retour dans leurs localités d’origine des compatriotes déplacés internes et la restauration de la sécurité minimale pour permettre l’organisation des élections pour le retour à l’autre constitutionnel normal dans les meilleurs délais possibles. Nous appelons donc tous les Burkinabè, pétris de patriotisme, à se rassembler autour de la Transition recadrée et recentrée pour en faire un succès et donner une chance au Burkina Faso, notre héritage et notre bien commun, de se relever rapidement pour reprendre la route de la démocratie et du développement durable.
Dans cette dynamique, quelle est votre appréciation de la démarche des nouvelles autorités dans le processus de la réconciliation nationale au Burkina Faso ?
Le Burkina Faso a besoin de réconciliation. Il a besoin de se réconcilier avec lui-même. Les Burkinabè ont besoin de se réconcilier entre eux. La réconciliation est une nécessité impérieuse pour le Burkina Faso et représente un impératif catégorique pour notre pays. La Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation Nationale (CODER), mise en place le 16 octobre 2016 par des partis politiques et des associations, a fait un travail énorme pour l’éveil des consciences sur la question. Ses membres sont fiers de leurs contributions pour la recherche du rassemblement et de l’unité nationale pour la construction d’une Nation burkinabè forte, à même de relever tous les défis pertinents du moment. La CODER a remis le mardi 13 février 2018 au Président du Faso d’alors, Roch KABORE, le « Mémorandum pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso », une réflexion très riche qui a fait le tour de la question. Malheureusement pour notre pays, l’ancien Président KABORE ne croyait pas à la réconciliation nationale, lui qui disait et je le cite que « l’on ne pouvait pas enjamber les cadavres pour aller à la réconciliation nationale « . Pour des raisons électoralistes, il a fini par comprendre et à accepter d’en faire un thème de sa campagne pour l’élection du Président du Faso de novembre 2020. Réélu Président du Faso pour un second mandat, il a trainé les pieds pour honorer ses engagements de réaliser la réconciliation nationale. Cette mauvaise volonté manifeste de ne pas aller à la réconciliation nationale à contribuer à sa chute. En six mois de gestion du pouvoir, le Président DAMIBA et la Transition ont pris à bras le corps le problème de la construction de la Nation, de l’Unité nationale et ont posé des actes pour la réalisation de la réconciliation nationale qui doit être inclusive, ouverte et sincère. De ce qui précède, nous encourageons les autorités de la Transition à maintenir le cap et à persévérer dans leur démarche pour parvenir à réconcilier et à unir les Burkinabè et, ainsi, faciliter la restauration du vrai vivre-ensemble et de la véritable cohésion sociale. Le Burkina Faso n’a pas une autre alternative que celle d’aller à la réconciliation nationale. Nous nous inscrivons dans ce combat qui définira l’avenir de notre chère patrie.
La venue de Blaise Compaoré pour participer à la rencontre du 08 juillet 2022 des anciens Chefs d’Etat avec le Président du Faso, Paul Henri Sandaogo DAMIBA, était-elle nécessaire ?
Bien sûr que oui ! Les problèmes du Burkina Faso concernent tous les Burkinabè et aucun d’entre nous ne doit être laissé au bord de la route surtout quand il s’agit de parler de la vie de la nation et surtout pas les anciens Chefs d’Etat, en l’occurrence celui qui est resté le plus longtemps aux commandes. D’ailleurs dans beaucoup de pays et même voisins comme le Mali, la Côte d’Ivoire, ces genres de rencontres ont été organisées et le Burkina Faso ne fait pas exception. Le sommet du 08 juillet 2022 avait pour objectif de tracer les sillons de la réconciliation nationale. Ce n’était donc pas un sommet pour consacrer l’impunité comme certains ont pu le penser. Le contexte était favorable pour réussir la démarche de la réconciliation nationale d’autant plus qu’après le jugement du dossier Thomas SANKARA, la vérité est connue et la justice dite. A cette occasion, Blaise COMPAORE, devait certainement présenter sa lettre de demande de pardon, datée du même jour et rendue publique le 26 juillet 2022 au Palais de Kosyam. A travers sa demande sincère de pardon et son acceptation d’assumer tout ce qui s’est passé au cours de ses mandats de Président du Faso, l’ancien Président Blaise COMPAORE, ouvre largement les portes de la réconciliation nationale et nous devons tous travailler pour l’apaisement des cœurs. Pour ce faire, nous pouvons faire appel à la justice transitionnelle étant entendu que celle-ci permet d’affronter le passé et de construire l’avenir en garantissant le droit à la justice, à la vérité, aux réparations et de non répétition. Toute chose qui égale par ailleurs conduit à l’apaisement des cœurs et la restauration du vivre ensemble et de la cohésion sociale dans la paix et la sécurité. C’est ce que demandent les Burkinabè et le Burkina Faso. En patriotes soucieux de l’avenir de notre pays et de nos enfants, nous devons féliciter l’ancien Président Blaise COMPAORE pour son acte plein de sincérité, et qui est un pas de géant pour la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Nous devons soutenir et encourager le Président du Faso, Sandaogo Paul Henri DAMIBA pour ses efforts et son engage[1]ment à réaliser la réconciliation des Burkinabè entre eux et du Burkina Faso avec lui-même.
Comment se porte votre Parti, Le Faso Autrement, en cette période de transition militaire ?
Pendant cette phase de transition, le paysage politique du Burkina Faso est en décomposition/recomposition et les lignes bougent. Le Faso Autrement est concerné tout autant que les autres partis politiques par cette nouvelle situation. Dans ce contexte et en prévision des futures échéances électorales qui concluront la transition, le Faso Autrement comme les autres partis politiques, réfléchit sur sa réorganisation et sa préparation en tenant comptes de ses différentes expériences sur ses onze années d’existence. Ce qui est certain et nous n’avons pas le choix, c’est que, nous ferons tout pour être fin prêts pour les futurs combats avec l’ambition de renforcer les capacités et les positions du Parti Le Faso Autrement sur la scène politique burkinabè. Nous lançons un appel à tous les Burkinabè patriotes et qui ont une ambition de changement pour notre beau pays à nous rejoindre pour qu’ensemble, nous battissions le Burkina Faso autrement. Et comme nous le disons au parti Le Faso Autrement : » Rien n’arrête une idée arrivée à son heure «
Interview réalisée par la Rédaction de L’Express du Faso